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— On ne va pas tranquillement attendre notre tour ! — Appel du COMITéZAD de Rennes (octobre 2016)

On ne va pas tranquillement attendre
notre tour ! —

Appel du COMITéZAD de Rennes

Il y a différents territoires dont l’État Français ne peut tolérer l’existence sur son sol. Il s’agit de ces « zones de non-droit » où des humains vivent sans être répertoriés sur leurs registres. Zones où l’on se réfugie, où l’on échappe à la police et au béton. Zones qui sont un défi à leurs frontières et leurs projet d’aménagement du territoire. Zones où quelque chose existe qui n’est pas sous contrôle de l’État.

La « jungle » de Calais, la « zad » de NddL. Il peut paraître indécent de les mettre sur le même plan, de comparer le sort de leurs habitants respectifs. Ici n’est pas notre propos.

Ce que nous observons, c’est qu’aux yeux des administrateurs de l’ordre des choses, ces deux zones présentent un point commun immédiat : toutes les deux sont à expulser de toute urgence. Quelques sombres calculs inavouables semblent avoir placé l’expulsion de la « jungle » de Calais en position prioritaire — nous devinons quel électorat il s’agit de séduire. Si bien que la « zad » de NddL semblerait bénéficier d’un sursis inespéré… Maigre consolation.

Le gouvernement met un point d’honneur à expulser ces deux zones qui le mettent face à son impuissance et à l’aberration de sa politique. Que ce soit sur le plan migratoire ou écologique elle apparaît pour ce qu’elle est : une fantastique et terrifiante fuite en avant. Aucune rationalité, aucun humanisme ne justifient ces expulsions. Rien d’autre que le plus vil cynisme : le profit à court terme.

Mais en ces temps d’état d’urgence les ressources en forces policières sont bien épuisées, et ne peuvent assumer les deux interventions de front. Ils ont fait leur choix. D’abord Calais.

Nous n’allons pas rester les bras ballants et profiter de ce petit répit. Nous ne sommes pas des politiciens. Nous ne faisons pas de petits calculs cyniques sur la misère des autres.

Les flics sont usés, continuons le boulot. Le comité Zad de Rennes appelle à des actions décentralisées dans toutes nos villes, le jour même où ils reprennent les opérations d’expulsion. Que ce soit à la « Zad » ou à Calais ! Qu’ils sachent qu’ils auront à mobiliser deux fois plus d’effectifs s’ils espèrent encore pouvoir garder leur monde sous contrôle. Ceci est une menace.

Ceci est un appel. Soyons solidaires. Soyons conséquents.

Contre l’Aéroport
et son monde de frontières,
résolument !

A Rennes : Rdv manif 18h30 place Sainte Anne

le jour où ils commencent des opérations d’expulsion

à Calais ou NddL

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Lettre du Comité Zad Rennais (octobre 2016)

En cet automne 2016, quatre ans après la victoire contre César des opposants au projet d’aéroport, des menaces pèsent à nouveau sur la ZAD et ses habitants. L’évidente aberration que constituerait un aéroport à NDDL ou un pôle d’activité grand ouest réunit toujours plus de personnes que dégoûte un système moribond. Vociférations des lobbyistes chroniques, agitation policière, rumeurs diverses relatives à une expulsion imminente, c’est pour l’heure une bataille psychologique où les tests grandeur nature comme les effets de communication battent leur plein de part et d’autre, pour autant ces menaces pourraient tout aussi bien prendre corps et une expulsion survenir en vrai.

C’est pourquoi les composantes de la lutte s’accordent pour, cas échéant, contrecarrer toute intervention militaire ou policière sur la ZAD. Si les atermoiements de Hollande et ses acolytes débouchent sur un ordre d’expulsion et sa mise en œuvre, c’est une bonne partie de la jeunesse de tous âges qui doit se dresser alors, comme elle sait le faire. D’ores et déjà des réponses proportionnées sont prévues par le Comité ZAD de Rennes, relayant l’appel diffusé depuis la ZAD à rejoindre la zone, à se rassembler dans les villes des différents comités, à occuper les lieux de pouvoir et à engager des blocages économiques en ville et en région. Le soir même d’un début d’intervention, un rassemblement est appelé à 18h30 place Sainte-Anne ainsi qu’une manifestation qui devra être massive le premier samedi à Nantes. Une autre à Rennes le deuxième samedi.

Depuis l’épique bataille pour la ZAD de NDDL en 2012 et plus récemment la mort de Rémi Fraisse à Sivens le 26 octobre 2014, le pouvoir continue à déployer des armes dites « non-létales » ou à « létalité intermédiaire ». À Rennes, en décembre dernier, Babacar Gueye en crise de panique, à l’évidence inoffensif, est tué par la BAC. D’autres morts par la police s’ajoutent chaque année à la liste des victimes dont personne ne parle; des manifestants sont mutilés, tel Jean-François Martin le 28 avril dernier. Au lendemain de la tuerie du Bataclan, l’état d’urgence était institué, devenant dans les esprits et dans la pratique un mode de gouvernement. Que le pouvoir de justicier soit remis à la police pouvait paraître relever de l’exception, il devient assurément la règle, comme avant eux les jeunes des quartiers ou les migrants, les opposants à la loi «Travaille !» avaient pu le vérifier. Parmi les opposants, certains se voient délivrer des interdictions de centre-ville les jours de manifestation, y compris si elles sont liées à la ZAD, une interdiction qui peut valoir aussi pour la Loire-Atlantique. Ces mesures administratives qui s’accompagnent souvent d’interpellation concernant des affaires créées de toutes pièces pour appuyer ces interdictions courent pour la plupart jusqu’à la fin de l’état d’urgence, le 21 janvier 2016. Par ailleurs, la chasse aux exilés fuyant les massacres et la misère se poursuit sans relâche, les victimes d’une guerre globale deviennent les faciles boucs émissaires d’une société qui suffoque. On assiste, sidérés, à l’édification d’un mur à Calais, à la contamination de toute parole publique par l’incitation identitaire, à la gestion d’un parc humain où les flux migratoires sont des flux comme les autres et se calculent à coups d’indices et de matraques. Pour l’heure, la rumeur médiatique donne la priorité à l’expulsion de la jungle. Notre mobilisation doit valoir pour ces deux fronts, c’est une même logique de contrainte des corps qui veut évacuer les migrants de la jungle de Calais (où « la violence déployée devra apparaître comme une offre humanitaire ») et les habitants de la ZAD (où « l’attaque la plus brutale devra être présentée comme la réaction mesurée d’un gouvernement acculé »).

Et si nous avons à cœur de défendre l’expérience en cours sur la ZAD, c’est bel et bien pour qu’elle perdure dans sa forme et sa fécondité. Soit une expérience d’organisation sans l’État ni ses fétiches ni sa police, ni sa raison ni sa logique. Quelques centaines de personnes s’organisant librement dans un espace délivré du devenir béton, du devenir fric, du devenir rien. À travers ses cultures maraîchères, ses marchés libres, ses débats, ses constructions, sa radio klaxon, ses chicanes, ses hésitations, ses âpretés, la vie communale à la ZAD regorge de forces de présent et d’avenir. Là nous vérifions que nous avons prise sur nos vies et apprenons que nous pouvons faire commune partout là où nous sommes.

Indéfectiblement liés à ces habitants et à l’espace prometteur qu’ils ont ouvert, à Rennes nous sommes pour beaucoup partie prenante de cette aventure. Lieu mental aussi bien que physique, cet endroit nous appartient d’en être, à divers titres, les heureux complices. Aussi interdirons-nous que nos ennemis le reprennent et le dévorent, et gagnerons de décoller depuis des pistes réalisées sans flics et sans Vinci, traçant résolument nos propres trajectoires.

ComitéZadRennais, oct. 2016.
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Lundi 26 septembre 2016 à 13h devant le tribunal de Nantes.

– Point presse avec des ocupants, leurs avocats et des représentants du DAL –

Lundi 26 septembre à 13h devant le tribunal de Nantes.

Des dizaines de personnes arrivées sur la zad depuis 2009 y habitent dans des fermes, maisons et habitats auto-construits. Elles ont bâtis leurs vies, travaux et activités durablement ici et s’y projettent aux cotés des habitants et paysans dit “historiques”.

Le gouvernement a annoncé par la voix du premier ministre vouloir expulser ces habitants en octobre. Pourtant cette annonce cache un problème important en terme de droit. Le premier ministre, qui se targue dans cette affaire de vouloir le respecter, a prévenu qu’il serait par ailleurs à Nantes en ce début de semaine pour se préoccuper de questions de droit au logement. Dans un contexte lourd de menaces, des habitants de la zad tiendront un point presse le lundi 26 à 13h devant le tribunal. Ils y expliqueront, avec leurs avocats et des représentants du DAL, pourquoi des dizaines d’entre eux ne sont pas légalement expulsables de leurs domiciles.

Contact : 06.95.06.81.49 ou zadcontactpresse@riseup.net

Appel de la ZAD face aux menaces d’expulsion !

Depuis l’opération César en 2012 la ZAD est devenue un symbole : de la possibilité d’empêcher leurs projets nuisibles ici et ailleurs comme de celle de déployer des zones d’autonomie face au pouvoir et à l’économie marchande.

Risques sérieux d’attaque dans les semaines qui viennent

Après un printemps marqué par un mouvement social bouillonnant, celles et ceux qui entendent nous gouverner vont tout faire pour que la politique ne déborde plus du cadre d’un spectacle électoral auquel plus grand monde ne croit. Nous vivons au cœur d’un désastre environnemental et social sur lequel illes prospèrent et duquel illes sont bien incapables de nous sortir. Depuis la ZAD, entre autres, grandit l’idée que l’on puisse concrètement reprendre en mains nos vies et réinventer le politique. C’est pour cette raison que son existence est aussi insupportable aux gouvernant.e.s et aussi précieuse pour d’innombrables personnes. La ZAD soulève des espoirs tenaces qui la dépassent. Que l’on se sente porté.e par cette lame de fond ou que l’on perçoive au quotidien la joyeuse solidité de ce qui s’est construit ici, il apparaît absolument impensable que la ZAD soit broyée demain sous les coups de la police et les chenilles des tractopelles. Ceci est un appel à la défendre, coûte que coûte.

Ce texte s’adresse à tout.e.s celles et ceux qui voudraient participer à la résistance sur le terrain ou de plus loin. Son objet est d’informer sur ce qui nous semble aujourd’hui crucial pour les mettre en échec, ainsi que sur l’état d’esprit dans lequel nous nous préparons. Nous vous invitons à le diffuser largement.
Depuis plusieurs jours des rumeurs d’expulsion plus ou moins imminente bruissent sur la ZAD. Nous savons que les hôtels de la région ont été réservés, plusieurs articles de presse avancent que les « forces de l’ordre » se sont vues interdire de poser des vacances de fin septembre à fin octobre. On parle de matériel militaire prếté à la gendarmerie. Mercredi 14 septembre, le préfet de Loire-Atlantique a signé deux arrêtés portant sur la destruction du campagnol amphibie, rendant possible à leur sens le début des travaux. Plusieurs sources confirmant des plans d’intervention possible à partir du 27 septembre, sans que cela signifie qu’ils viendront dès cette date-là. Sommet d’hypocrisie, à cette date la ville de Nantes accueille plusieurs milliers de participant.e.s, venu.e.s du monde entier, dans la suite de la COP 21, pour faire croire à ses préoccupations quant au dérèglement climatique.

Appel à la vigilance – on veut des fuites sans prendre la fuite

Il serait sans doute absurde de leur part d’intervenir en plein sommet Climate Chance et avant la grande manifestation du 8 octobre sur la zad, mais nous sommes à l’écoute des diverses infos qui apparaîtraient dans un sens ou dans un autre et sommes prêt.e.s à parer à toute éventualité. Nous appelons en tout cas à une extrême vigilance dans les semaines à venir, et surtout à mettre dès à présent la pression sur le gouvernement pour qu’il renonce à ce projet d’expulsion. Nous vous invitons aussi à vous tenir prêt.e.s à rejoindre la ZAD pour participer à sa défense, dans la diversité de nos pratiques, ou si vous êtes loin, à mener des actions décentralisées contre Vinci, les acteurs du projet et les lieux de pouvoir.

Pour prévenir toute attaque surprise, on sait que l’on peut compter sur la multiplicité des soutiens et sources d’infos un peu partout, jusque dans leurs bureaux et leurs cercles familiaux. Nous vous invitons à nous alerter de fuites sur les entreprises privées qui pourraient être impliquées (défrichage, gardiennage, etc.), d’infos sur les hôtels qui accueilleraient les gendarmes, de circulaires, notes internes et autres bruits de couloir concernant cette opération, ainsi que de mouvements de troupes autour de la ZAD (sans pour autant nous signaler n’importe quel convoi de gendarmes mobiles à des dizaines de kilomètres à la ronde). Nous recouperons et vérifierons toutes ces informations, et nous les publierons sur zad.nadir.org qui, avec le site de l’Acipa, reste la « référence » en la matière (avant de croire et diffuser une information venue des réseaux sociaux ou autres, vérifiez systématiquement qu’elle a été confirmée par ces sites).

Nous en tout cas on est prêt.e.s !

Toutes les équipes sur place s’organisent en conséquence : cantines, radio, médic, légales, équipes de communication… Les différents lieux de vie se préparent à la résistance et on se coordonne à l’échelle de la ZAD et du mouvement – avec les comités, associations et paysan.ne.s – pour faire obstacle à l’avancée policière.

Ces derniers jours, des rencontres ont eu lieu partout en France entre comités de soutien pour peaufiner les réactions en cas d’attaque ou de débuts des travaux. Des lycéen.ne.s et étudiant.e.s solidaires de la région s’assemblent pour être à même de manifester et bloquer leurs établissements le jour J. Des habitant.e.s proches se préparent à ouvrir leurs maisons et leurs granges, des soignant.e.s, professsionel.e.s ou non, sont prêt.e.s à offrir des soins sur le terrain le moment venu, et des juristes à réagir aux mesures répressives que le gouvernement mettra en place. Des paysan.ne.s de toute la région échafaudent des plans pour mettre en jeu leurs tracteurs, des élagueur.euse.s et grimpeur.euse.s pour monter à la cime des arbres menacés d’être abattus. Des journalistes indépendant.e.s et acteur.trice.s des réseaux sociaux discutent de comment relayer au mieux les infos des opposant.e.s et contrer la propagande du gouvernement. Des soutiens s’organisent à des centaines de kilomètres et même aux quatre coins de l’Europe pour être paré.e.s à nous rejoindre au plus vite.

Il faut bien évaluer que cette fois, et contrairement à 2012, c’est la quasi totalité des lieux de la zone qui est menacée d’expulsion par la force, c’est à dire non seulement les personnes qui s’y sont installées pour y vivre et la défendre ces dernières années, mais aussi les paysan.ne.s et habitant.e.s dit.e.s « historiques ». Ce sont donc plus de 70 lieux de vie, des fermes, des ateliers, des centaines d’habitant.e.s humain.e.s, des troupeaux et autres animaux ou plantes sauvages, 2000ha de forêts, champs et bocages qu’ils voudraient rayer définitivement de la carte dans les prochaines semaines. Qui plus est, leur enjeu annoncé n’est pas seulement d’expulser la zone mais de démarrer dans la foulée les travaux de construction de l’aéroport et du barreau routier, ce qui implique dans un premier temps des travaux de « déplacement d’espèces », de défrichage, de fouilles archéologiques, de construction de ronds points et de protection du site… (Particulièrement au niveau du barreau routier – en rose sur la carte reproduite ci-dessous). Dans ce contexte de menace totale, la résistance sur le terrain s’organise d’autant plus collectivement. Et quand bien même ils parviendraient à expulser une partie de la zad, nous savons que cela ne signerait pas la fin du mouvement mais le début de mois et d’années de résistance continue pour entraver chaque avancée des travaux. Nous ne les lâcherons pas !

posté le 25 septembre 2016