J’ai été victime d’un TIR TENDU DE GRENADE LACRYMOGÈNE ce samedi 6 février à Rennes

Rue de Plélo, vers 16h30 peut-être, je marchais sur le trottoir, parallèlement au cortège qui avançait vers le carrefour avec la rue Tronjoly. Les forces de l’ordre venaient de remonter au pas de gym vers ce carrefour et en bloquaient l’accès. Puis elles ont commencé à faire mouvement pour repousser les gens vers la rue d’Isly d’où ils venaient. En retrait, je me suis arrêté et j’ai observé les premiers tirs de grenades en oblique alors que les CRS avançaient. Mon fils qui me rejoignait m’a crié de fuir : il venait de voir un CRS qui me tenait en joue, à 10 m de moi (peut-être moins), sur le même trottoir, coté Colombier. J’ai regardé cet homme sans comprendre, sidéré face au canon énorme qu’il pointait sur moi, épaulé : nous n’étions que deux face à lui, et sans aucune attitude ambiguë à son égard. J’ai ouvert les bras et les mains en signe d’apaisement en me tournant face à l’homme, toujours incrédule sur ses intentions. Paniqué, mon fils m’a encore crié plusieurs fois de m’enfuir. J’ai alors réussi à bouger, presque tiré par le bras, pour m’éloigner.
L’impact a eu lieu à ce moment, alors que je tournais le dos au tireur en m enfuyant. Le projectile m’a atteint violemment aux fesses en dégageant sa fumée irritante. Revenus rue d’Isly, dans la confusion de la charge, nous avons vu la brutalité aveugle des forces de l’ordre se déchaîner sur des personnes isolées ; même de jeunes ados ont été malmenés sous nos yeux, attrapés, bousculés et jetés au sol ! Une passante, de 60 ans peut-être, a subi le même sort parce qu’elle se trouvait là.
Plus tard, toujours choqué de ce qui m’était arrivé, j’ai approché un gradé (adju-chef, je crois) place de la Mairie. Je lui ai demandé si te tir tendu était entré dans les procédures. Il m’a dit que c’était tout à fait impossible et que de toute façon, les affrontements étaient filmés (exact, j’avais vu auparavant, rue de Plélo, un agent avec le sigle V sur le dossard et portant une caméra sur une perche télescopique). Devant mon indignation, il m’a dit de porter plainte.
Un peu plus tard, des amis du groupe de Redon m’ont indiqué un n° de portable pour prendre conseil. Et j’ai pris contact avec le comité zad rennes.
Le tir est délibéré, réfléchi, puisqu’il a attendu que je présente mon dos, pensant minimiser les risques de blessure peut-être ? (que d’attentions !) Je suis resté choqué et nauséeux le reste de l’après-midi. Ce lundi matin, mon noble derrière est encore « mâché » et sensible. Des connaissances de mon fils nous ont rejoints plus tard place Sainte-Anne et ont raconté aussi avoir été roués de coups aux bras, torse, jambes… sans avoir provoqué les forces de l’ordre en aucune manière : simplement, il ne fallait pas être là. »

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