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Courte chronologie de la lutte à Notre-Dames-des-Landes

Courte chronologie de la lutte à Notre-Dame-des-Landes

https://constellations.boum.org/spip.php?article116

Années 60 / 70 – Les paysans contre la politique du vide

Né au début des années 1960, le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes rencontre immédiatement l’opposition du monde paysan. L’ADECA, association de défense des exploitants concernés par le projet d’aéroport, lutte pour que la zone ne se vide pas et reste cultivée. Parallèlement, des comités d’action sont créés dans les bourgs alentours. La ZAD (zone d’aménagement différé de 1650 ha) est décrétée en 1974. Le projet est mis en veille dans les années 80 / 90.

Années 2000 – « Ni ici ni ailleurs ! »

La relance du projet en 2000 provoque la création de l’ACIPA, association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport. L’ACIPA mène un méticuleux travail de contre-expertise et d’information. En 2004 naît la Coordination des opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, qui regroupe aujourd’hui plus de 50 associations, mouvements politiques et syndicats. L’ACIPA et la Coordination portent de nombreux recours juridiques contre le projet et se mobilisent pour participer aux débats et enquêtes publics ; mais en février 2008 le projet est déclaré d’utilité publique.

2008 / 2010 – Zone À Défendre, contre l’aéroport et son monde !

En 2008 lLes “Habitants qui résistent”, groupe d’habitants de la ZAD décidé à aller au-delà des stratégies plus légalistes de l’ACIPA, lancent un appel à venir “occuper la ZAD”. À l’été 2009, le Camp Action Climat marque l’implication plus forte dans la lutte de courants écolos radicaux et anticapitalistes. Petit à petit, de nouveaux groupes s’installent dans des fermes ou construisent des cabanes, et rejoignent ceux des Rosiers qui avaient ouvert un premier squat sur la zone en 2007.

2011 / 2012 – Vinci dégage, résistance et sabotage…

En mai 2011, un millier de personnes défilent fourche en main sur la zone et défrichent un terrain pour y installer le projet maraîcher du Sabot. La mise en œuvre du projet d’aéroport est accordée à l’entreprise Vinci. Avec la présence permanente des occupants sur la ZAD, les sabotages et résistances se multiplient face aux travaux préliminaires et aux entreprises qui les portent. Au printemps 2012, des procès se succèdent contre les occupants et leurs habitats. Les pressions, mesures d’expropriations et offres financières se multiplient vis-à-vis des propriétaires, locataires ou paysans qui craquent ou tiennent bon. Le 24 mars, près de 10.000 personnes et plus de 200 tracteurs défilent dans Nantes et y amènent un peu du bocage. Quelques semaines plus tard, des opposants entament une grève de la faim qu’ils tiennent jusqu’à l’élection présidentielle. Le gouvernement s’engage alors à ne pas expulser les habitants et paysans légaux avant l’écoulement d’un certain nombre de recours juridiques.

Octobre / Novembre 2012 – la défaite de César

Le 16 octobre débute l’opération César qui mobilisera jusqu’à 2000 policiers pendant plusieurs semaines. Une dizaine de maisons et cabanes squattées sont détruites, mais les occupants résistent et restent sur le terrain, portés par un vaste élan de solidarité dans la région et dans toute la France. Plus de 200 comités de soutien sont créés. Le 17 novembre, une manifestation de réoccupation attire plus de 40.000 personnes et aboutit à la construction en deux jours de plusieurs nouveaux bâtiments pour la lutte : la Chat-teigne. Les 23 et 24 novembre, des centaines de policiers tentent de reprendre la Chat-teigne et d’expulser des cabanes dans les arbres. Les grands axes de la région sont bloqués et des milliers de personnes se battent dans la forêt de Rohanne ou les rues de Nantes. Le 17 au soir, le gouvernement sonne la fin de l’opération et la création d’une commission du dialogue. Le lendemain, 40 tracteurs viennent s’enchaîner autour de la Chat-teigne. En même temps commence une occupation policière permanente des carrefours de la ZAD qui durera 5 mois. Des dizaines de nouvelles personnes s’installent et une grande période de reconstruction s’amorce.

2013 – Zone libre

En janvier, COPAIN, qui regroupe des organisations paysannes engagées dans la lutte, occupe la ferme de Bellevue et ses terres. En avril, la commission du dialogue annonce sans surprise que l’aéroport devra se faire nonobstant quelques améliorations. Deux jours plus tard, l’occupation policière, devenue intenable, prend fin et plusieurs milliers de personnes viennent aider au démarrage d’une dizaine de nouveaux projets agricoles pendant l’opération “Sème ta ZAD”. Les événements de masse, festizad, pique-nique et chaîne humaine se succèdent. La vie sur le terrain et les liens avec le voisinage se reconfigurent avec leur lot de décalages parfois tendus et de belles rencontres. L’impuissance de la Préfecture et de Vinci sur le terrain se confirme : les arrêtés juridiques sont systématiquement transgressés et les tentatives de travaux sabotées.

2014 / 2015 – ZAD au futur et ZAD partout !

Pendant l’hiver, les aménageurs reprennent du poil de la bête et annoncent le déplacement des espèces protégées et le début des chantiers. Le 22 février, en réponse, une manifestation de plus de 60.000 personnes et 500 tracteurs submerge Nantes et donne lieu à de nombreux affrontements avec la police, qui bloquent l’accès au centre-ville. Malgré la pression médiatique et les tensions internes, le mouvement réaffirme sa cohésion sur le terrain. Le gouvernement recule une nouvelle fois et reporte le démarrage des travaux.
Le 25 octobre, l’assassinat de Rémi Fraisse par la police lors d’affrontements sur la ZAD du Testet dans le Tarn entraîne une vague de manifestations fortement réprimées. Les ZAD se multiplient face à l’aménagement marchand du territoire. En face, dans un contexte sécuritaire post-11 janvier, les entrepreneurs, gouvernants et leurs complices de la FNSEA s’organisent.
Sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, on dénombre 60 lieux de vie et des centaines d’hectares de terres reprises à Vinci sont cultivées. Tandis que le premier ministre réaffirme sa volonté de mener à bien la construction de l’aéroport, les opposants – paysans, habitants et occupants – élaborent les bases d’un avenir commun et du maintien d’une zone libre.

Contre-COP à Rennes le 28 nov. 15h, place de la mairie

Le comité ZAD de Rennes appelle tout le monde à rejoindre la marche pour le climat le samedi 28 novembre à 15h, place de la Mairie à Rennes.
Alors que la contre-COP a été déclarée illégale à Paris, nous souhaitons ici à Rennes :
• Dénoncer plus que jamais l’hypocrisie et le mépris qu’incarne la COP21
• Défendre les territoires en lutte, pour un monde sans aménageurs, sans capitalistes, sans dictature libérale
• Manifester notre soutien, ici et partout, à celleux qui ont pris la route vers Paris pour faire entendre leur voix malgré les menaces de répression et en toute circonstance
• Manifester notre opposition catégorique à toute forme de violence d’État, de répression policière, de dictature et d’opportunisme fascisant.
Sous un état d’urgence qui dédouane encore davantage les abus (lesquels, sans surprise, se multiplient depuis le 14 novembre dernier), il est plus que jamais nécessaire de se mobiliser. 
Notre liberté de pensée et d’action, autant dire liberté de conscience, en dépend.

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Le lendemain (dimanche 29 donc) rendez-vous à la plomberie du canal pour un cantine à 12h30 et une conférence gesticulée à 15h30 organisées par les Prairies libres. (plus d’infos là)

Abus du gouvernement dans le cadre de l’état d’urgence

Voici quelques liens sur des actions de la police effectuées dans le cadre de l’état d’urgence, en lien avec des luttes émancipatrices :

7 décembre

30 novembre

28 novembre

26 novembre

23 novembre

22 novembre

20 novembre

17 novembre

Le comité Rennais pour la ZAD s’est créé

Alors que depuis 2012 les travaux étaient suspendus sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, qu’en 2014 le gouvernement s’était engagé à ne pas « débuter les travaux avant l’épuisement de tous les recours juridiques actuellement déposés », voici que des voix prétendument responsables s’appliquent à réaffirmer la volonté du gouvernement de construire cet aéroport chimérique.


Le 30 Octobre dernier un appel d’offres était lancé par la préfecture de Loire-Atlantique, avec pour objectif de démarrer les « travaux de débroussaillage, de rétablissement d’accès et de clôtures dans le cadre de l’opération de la desserte routière de l’aéroport du Grand Ouest ». Les entreprises de BTP ont jusqu’au 23 Novembre pour répondre à cet avis d’appel public à la concurrence. Par là même, l’État annonce au groupe Vinci, via un communiqué, qu’il « invite à mettre en œuvre les démarches qui permettront de démarrer les travaux. Ceci se traduit en particulier par les indemnités d’expropriation, la reprise des relations avec les entreprises et le lancement des marchés spécialisés. »


Signaux aux entreprises martelés en pleine campagne électorale, annonces d’expulsions sur la ZAD, rejet des recours des militants écologistes, signature d’un arrêté préfectoral visant à contourner des lois environnementales, le tout avec une volonté affichée d’être « cohérent avec le rendez-vous de la COP21 » ! Quelle tartuferie !

De fait, à la suite des annonces d’expropriation et de reprise des travaux, des opérations policières d’envergure sont à redouter sur la zone.

La ZAD a donc émis un appel à mobilisation. À Rennes, nous sommes déjà une centaine à y avoir répondu, résolus à proposer une réaction rapide et organisée aux éventuelles attaques contre la ZAD. Le 5 Novembre 2015, composé d’individus librement associés, un comité s’est créé, ouvert à toutes celles et tous ceux qui, par un moyen ou par un autre, veulent se joindre à la lutte. La première assemblée du comité a fait émerger quelques priorités :

  • Préparer une mobilisation en cas d’expulsion

  • Organiser des manifestations de soutien

  • Répondre à l’appel des comités pour le blocage de la région lors des expulsions

  • Anticiper les besoins logistiques et financiers (chantiers, approvisionnements, procès …)

  • Se rendre sur la ZAD pour repérer les lieux, connaître le territoire, participer aux banquets.

  • Mettre en place une contre-information effective, notamment sous forme de réunions publiques

Le comité ZAD de Rennes invite tous les comités similaires à se réunir, communiquer et se coordonner. C’est avec un mouvement d’ampleur sur toute la France que nous empêcherons les expulsions.

Nous aspirons certes à réagir à un contexte d’urgence, mais aussi à répandre et créer des échanges sur ce qui se construit, se fabrique et s’imagine sur les ZAD en France et ailleurs.

  • Prochaine réunion le jeudi 19 Novembre à la Plomberie du Canal, 44 rue Canal St Martin, Rennes.

comitezadrennes@riseup.net

comitezadrennes.noblogs.org

le texte mise en page :

 communiqué-1

Et en version pdf :

communiqué-1

Le texte d’appel à la création d’un comité ZAD sur Rennes

APPEL À LA CRÉATION D’UN COMITÉ ZAD SUR RENNES

Le conflit est réouvert :

La lutte contre l’aéroport de Notre Dame des Landes est à nouveau menacée. Au nom de la sainte Économie le gouvernement promet l’expulsion des habitants, la destruction du bocage, de ses cultures et de ses espèces protégées. Chaque déclaration de Manuel Valls résonne comme une nouvelle sommation : « Ce projet, nous le soutenons. L’aéroport se fera. », « le gouvernement ne cédera jamais face aux intimidations d’une minorité d’individus ultraviolents ». Les récents agissements des autorités nous prouvent qu’ils se préparent à joindre les actes à la parole. Le 22 septembre le juge des expropriations tente de venir sur la ZAD (zone à Défendre) en vue de l’éviction des locataires. Le 10 octobre alors qu’une nouvelle occupation à lieu dans le but d’installer une conserverie à l’est de la zone les gendarmes essaient en vain d’intervenir. Si ces provocations ont été repoussées elles nous indiquent qu’une nouvelle opération d’envergure se prépare. Il faudra encore une fois la détermination de tout le mouvement sur place et partout en France pour la stopper.

Que veut détruire le gouvernement ?

Depuis 2012 et l’échec de l’opération César Notre-Dame-des-Landes est devenu un symbole et un exemple bien vivant. Un symbole car ce conflit nous prouve que la victoire est possible. Partant du refus face à un projet grotesque d’aéroport ceux qui luttent ont surmonté la résignation et la peur, ont combattu la brutalité des forces de l’ordre et le cynisme des bétonneurs. Sur les barricades et dans les tribunaux, présents dans la rue comme pour écrire des recours juridiques les opposants ont su dresser les multiples fronts qui mettent un point d’arrêt à l’avancée du projet. Mais, peut-être, plus que tout si la résistance n’a jamais faibli, c’est que partant d’un NON à l’aéroport la ZAD est devenue une terre où s’expérimentent de nouvelles manières de vivre. Les moments vécus entre nouveaux occupants et anciens habitants à construire des cabanes, cultiver des terres, partager des savoirs faire et à discuter hardiment en assemblées ou autour d’un verre ont rendu possible de s’organiser sans les formes partout désavouées de la politique classique, sans le diktat du marché. Ce qui est possible à Notre-Dame-des-Landes est possible ailleurs. C’est aussi cela que le pouvoir veut abattre, cela qu’il nous faut défendre.

Comment réagir ?

Dans ce contexte de menace les associations historiques, les comités présents dans la région de Nantes et le mouvement d’occupation appellent à se mobiliser à nouveau. Manifestations, blocages et occupations disent les affiches et les communiqués invitant s’organiser dès maintenant en cas de futures expulsions. Comment s’en ressaisir depuis Rennes ? Des pistes nous sont données par une source proche du ministère de l’Intérieur1 : « Il faudrait entre 15 et 18 unités mobiles présentes 24 heures sur 24 pour dégager le site. Mais il faut mobiliser cet effectif pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Avec les repos et les jours de congés, cela veut dire qu’il faut […] un tiers des unités disponibles en France. Pendant ce temps, qui luttera contre la délinquance dans les cités sensibles, qui sécurisera les matchs de foot ou les déplacements de personnalités ? ». Le gouvernement croit être en capacité d’écraser la résistance sur place mais il ne pourra pas faire face à un mouvement d’ampleur sur toute la France.

C’est pourquoi répondant à l’appel des opposants nous proposons, depuis le collectif de la Maison de la Grève, la création d’un comité ZAD à Rennes pour empêcher la tenue d’une nouvelle opération et pour propager ici les espoirs portés par ce qui s’expérimente à Notre-Dame-des-Landes. Pour cela il nous faudra être le plus nombreux possible : des agriculteurs ayant participé au convoi de Rennes à Nantes le 22 février 2014 jusqu’à ceux et celles qui étaient dans la rue suite à la mort de Rémi Fraisse il y a un an. Nous devrons être en mesure de reproduire la diversité tactique que la lutte de la ZAD nous a enseignée.

S’organiser dès maintenant cela peut se faire à plusieurs niveaux. Une première manière serait de répondre à la guerre médiatique visant à préparer aux expulsions : faire connaître ce qui se vit aujourd’hui sur la ZAD (les nouvelles occupations, et l’actualité de la lutte) ou encore partager comment l’opération César a été mise en déroute. Une autre pourrait être de préparer une manifestation en cas d’attaque, comme cela est déjà prévu à Nantes, comme cela avait été fait à 40 000 personnes pour réoccuper la zone en 2012. On pourrait aussi imaginer se coordonner avec les autres comités bretons pour que des contre-feux s’ouvrent partout dès les premières interventions des gendarmes mobiles. De multiples autres initiatives sont bien sûr à mettre en place.

Tout cela est à inventer ensemble

RDV le jeudi 5 novembre à 18h au bar le Panama

1 Selon un article du Mensuel de Rennes du 20 juillet

L’affiche :

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Le texteVisit Site en format brochure :

comitezadrennes